lundi 3 août 2015

Raconter un jeu vidéo - Gothic : le cimetière de l'espoir (4)

En m'enfonçant dans la montagne, j'eus la désagréable impression d'être observé de loin. Des formes indistinctes sur les rochers s'effaçaient à mon approche pour réapparaître plus loin. Je serrai ma masse d'arme contre moi. Le novice qui me faisait office de guide m'indiqua un pont avant de retourner retrouver la sécurité du camp. Il allait prier pour moi, qu'il disait. Le pont rudimentaire craquelait sous mes bottes de templier, à mon plus grand déplaisir. Et puis je les vis, au loin. Derrière une meute de cabots faisant la moitié de ma taille, quelques créatures vertes massives se reposaient autour d'un feu. Aucune trace des templiers. Je n'eus pas le temps de réfléchir plus longtemps, l'un d'eux me montra du doigt en descendant d'une colline. J'aplatis la meute de chiens qui me séparait d'eux, et me retrouvai face à des créatures humanoïdes d'au moins deux mètres de haut. Ils tenaient fermement dans leurs mains de lourdes haches rouillées, et hurlaient des paroles incompréhensibles. A chaque coup que je parais, mon corps entier vibrait. J'activai dans un sursaut de désespoir ma rune qui les repoussa à plusieurs reprises. J'en profitai pour plonger sur eux et leur écraser le crâne avec ma masse. Ces créatures vertes saignaient comme les autres au moins.
Un de ces terribles monstres...
Essoufflé, je m'assis un instant en repensant à tout le chemin que j'avais parcouru depuis mes débuts dans la prison. Je pris conscience que la guerre menée par le roi était loin d'être vaine, et avait effectivement besoin de toutes les ressources possibles et imaginables. Mais je n'admettais pas mon sort, rassurez-vous. Je constatais seulement que ces terribles créatures ne voyaient en nous que des gêneurs qu'il fallait éliminer dès que nous apparaissions sur la route. Mais ne faisions-nous pas pareil à leur encontre ? Après tout, nous profanions une de leur crypte. Cette pensée me fit rapidement oublier ma fatigue. J'enjambai les cadavres et me précipitai dans la crypte retrouver les templiers. Des bruits furieux de combat s'entendaient au loin, par écho, pendant que de toute part, j'étais entouré de momies desséchées, d'objets divers et de tombes. Cette grotte suintante et humide était donc le lieu de repos éternel de ces orcs. Je n'eus pas le temps de m'extasier sur la vue. Un templier, une hache enfoncée dans le corps, reposait sur le sol. Ses yeux exprimaient un calme impressionnant compte tenu de ce par quoi il avait dû passer avant de mourir. A son tour de dormir. Je combattis la peur et les orcs à l'aide de toutes mes compétences. Jamais je ne m'étais senti aussi proche de la fin, et le souvenir de ce cimetière me hantera jusqu'à la fin de mes jours. Ces joutes terrifiantes dans le noir, ces parades désespérées, ces hurlements, et le bruit de leur corps tombant sur la pierre, c'était beaucoup pour un seul templier.
Un survivant
Tous les Templiers avait donc péri. Tous avaient le même visage impassible quand je passais à côté d'eux. Heureusement, je rencontrai le gourou qui les menait. Il combattait en virevoltant une pelletée d'orcs. Aucun de leurs coups ne pouvaient le toucher tant il semblait agile. Malheureusement, il était submergé. J'arrivai pile au bon moment, et à deux, nous vînmes à bout de ces orcs. En haletant, il me raconta l'embuscade. Je proposai la fuite, il me proposa de finir l'exploration de cette cave pour découvrir ce que le Dormeur avait à nous dire. Bien qu'intimidé à l'idée de rester ne serait-ce que quelques minutes supplémentaires dans cette cave sombre et dangereuse, j'acceptai. Nous étions deux, et trois passages s'étendaient devant nous. Les deux premiers étaient remplis d'orcs dont nous eûmes du mal à nous défaire. En nage, et au bord de l'évanouissement, nous trouvâmes deux fragments de parchemin. Nous nous asseyâmes, nous reprîmes quelques forces et soudain, l'inspiration de mon collègue éclata au grand jour. Il se leva brusquement en m'indiquant que ce parchemin était un rituel de téléportation activable à un certain endroit.
Un guerrier orc...
Le troisième chemin nous mena à une vaste salle, remplie de colonnes de pierre finement taillées, révélant un savoir-faire certain qu'on n'imaginait pas vu la brutalité de ces créatures. Les mêmes orcs qui tout à l'heure nous assaillaient étaient cette fois menés par un orc plus grand, plus fort, mieux équipé. J'appris plus tard qu'il s'agissait d'un guerrier orc, alors que nous combattions depuis tout à l'heure de simples éclaireurs. Nous pâlîmes légèrement, mais nous partîmes confiants au combat. Au bout d'une minute qui me parut durer une éternité, la joute guerrière était terminée. Nous restions les seuls êtres vivants au sein de ce gigantesque hall où aucune nouvelle porte ne se dévoilait à notre regard. Le regard brillant, mon compagnon agita le parchemin un peu partout dans la pièce. Je repérai un mur étrange et je l'appelai. Je lui pris le parchemin, le lut à voix haute, et la magie s'accomplit. J'étais de l'autre côté du mur. 

Je dégainai mon épée, mais pas un bruit. Grâce à un mécanisme, j'ouvris le mur derrière moi, et nous arrivâmes tout deux sur le lieu de la vision... Mais rien ne se passait. J'espérais voir un signe de ce Dormeur, car une vision commune à des dizaines de personnes ne pouvait pas avoir lieu au hasard, mais je fus bel et bien déçu. Ce fut le cas de mon compagnon, bien entendu, sauf qu'il commença à se prendre la tête entre les mains en hurlant et en clamant que le Dormeur avait besoin d'un sacrifice humain bien sanglant. Horrifié face à cette transformation soudaine, je lui sommai de rengainer son épée qu'il avait empoigné, me pointant avec. Rien à faire. J'agis mécaniquement. Je déviai son épée et le tuai d'un coup sec. C'était mon premier meurtre. C'était la première fois que je tuais un autre être humain. Et malheureusement pas la dernière. Il retomba sur le sol, la grimace de haine de son visage ne s'était pas estompée. Je pensai alors : et si le Dormeur n'était pas ce que les gourous attendaient de lui ?...

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